Emmanuelle Zysman

Emmanuelle était une enfant timide et rêveuse qui aimait à se déguiser. Sa grand-mère couturière donnait souvent forme à ses idées fantasques, et dans cet univers propice à la rêverie et à la création s'imprime en elle l'idée que l'atelier est, tel une mine de diamants, le lieu de surgissement de tous les rêves: s’y matérialisent les parures qui vous rendront quelqu'un d'autre, un personnage rêvé, une fille plus belle… on y tient entre ses doigts le pouvoir d'être un autre, ou de rendre les autres plus désirables.

L'idée de chaque nouveau bijou naît de pierres qui suscitent des associations de couleurs, de textures dont le toucher l'attire, ou encore à partir d'un "mood " du jour : j'ai envie d'être une gitane, une écuyère de cirque, j'ai envie d'être une bourgeoise, d'être Zelda Fitzgerald sur la Riviera…

Elle pense que l'on peut se sentir quelqu'un d'autre à partir de ce que l'on porte, même un détail infime, s'inventer au travers de ses tenues, et aime l'idée de participer à l'embellissement de ses clientes, à leur confiance en elles, à une envie de voyage matérialisée par une petite touche de turquoise...

Emmanuelle Zysman

Emmanuelle lance sa première collection de bijoux en argent aux influences hippie chic en 2004 ; perles indiennes, pierres semi-précieuses racontent un retour de plage d'Ibiza rêvé depuis Montmartre l'hiver… Au fil du temps elle ajoute des touches d'or à ses collections, dans une veine très épurée au contraire, en parallèle à l'inspiration gipsy qui traverse encore constamment son travail.

Sans délaisser la mini joaillerie, elle développe ensuite des pièces plus volumineuses, et creuse petit à petit un autre sillon, l'idée d'un luxe barbare…

Emmanuelle Zysman

Elle crée des modèles qui se démarquent par le jeu des matières et l'association des pierres et des couleurs: ses bijoux ont l'air d'avoir vécu et semblent parfois exhumés de fouilles, et cette usure imperceptible leur donne leur caractère moderne et intemporel.

«J'aime torturer le métal pour retrouver l'aspect usagé des trouvailles archéologiques, le serti des bagues paraît déchiqueté, c'est ce qui donne une âme aux bijoux - toutefois cela relève plus de l'évocation d'une atmosphère, j'aime le fait que cela reste des bijoux modernes et non des reproductions de l'antique.»

Emmanuelle Zysman

«Ce sont pour beaucoup les musées et les livres d'art qui m'inspirent. J'aime l'atmosphère des musées, qui me plonge dans la rêverie ou au contraire dans une excitation euphorique. Il y a d'une part l'état usagé des trésors abîmés que je trouve émouvant,  d'autre part l'imagerie gipsy m'a toujours fascinée. Je me persuadais enfant que j'étais une petite bohémienne qui avait été adoptée dans une famille sédentaire… et j'aimais parsemer mes vêtements de détails qui me paraissaient droit sortis du Temps des Gitans.

L'expo du musée Guimet Afghanistan les trésors retrouvés est la plus inspirante que j'aie vue : des princes et princesses nomades du IIe siècle av.JC ont été retrouvés dans leurs tombes parés de tous leurs bijoux, ornements de tête, manches d'épées, le tout en or et turquoise, et des restes de leurs vêtements cousus de petits motifs d'or. On pouvait les imaginer parcourant les déserts à cheval, recouverts d'or de la tête aux pieds... »

Emmanuelle Zysman

Ses bijoux sont fondus, façonnés, assemblés et sertis à Paris, dans son atelier. Quant aux sous-traitants (fondeur, doreur…) ils ne se situent pas au delà du périphérique.

Au fil des années elle s'efforce à toujours plus d'exigence technique, et s'entoure de collaborateurs toujours plus qualifiés, formés dans la tradition bijoutière française. Aujourd'hui, elle a la joie de recevoir des clientes désireuses de transformer radicalement des bagues de famille plus adaptées à une visite à Buckingham Palace qu'à la vie d'une femme 2.0… et d'insuffler une vie nouvelle à ces pierres, en les montant de manière à en faire des trésors du quotidien.

Après la maison mère de la rue des Martyrs où se trouve l'atelier, une nouvelle boutique feutrée s'ouvre fin 2010 : c'est au 33 rue de Grenelle, rue à la fois sérail du luxe et lieu chargé d'histoire, qu'Emmanuelle a choisi de poser l'ancre rive gauche.